La question du genre impacte toutes les sciences sociales (la géographie, la littérature, les sciences du langage, la sociologie, les SIC …) et ce spectre parcourt les études africaines. La fertilité des travaux sur le genre se trouve dans la capacité du concept à éclairer, à interroger des pratiques et des représentations voire à participer à la fabrique sociale de la signification. Dans l’absolu, le genre se conçoit comme une catégorie socialement déterminée pour organiser la réalité et l’imaginaire, il est une catégorie sémiologique des êtres et des productions sociales : l’identification et l’éducation par le genre sexuel l’illustrent amplement. Le débat autour de l’ontologie ou de la culturalité de ces typologies a fini par se polariser dans des postures idéologiques autistiques (traditionnalistes du patriarcat, féministes). Il faut le renouveler, d’autant plus que, le construit genre ne participe plus seulement à l’intelligibilité sociale, il remet en cause la légitimité de l’épistémologie classique des sciences sociales par son questionnement sur les conditions et critères de la production scientifique. Ce numéro d’abà est original en ce qu’il aborde le genre dans une dimension plus large que son appréhension habituelle, à savoir les rapports sociaux de pouvoir et de sexe. Il questionne les ruptures et les continuités entre les catégories-genres modernes occidentales et celles tenues pour africaines ; les évolutions dans les rapports de genre dans les cultures africaines postcoloniales ; les dynamiques d’exclusion en œuvre dans les rapports de genre ; le genre en tant qu’objet et lieu discursifs. Au total, il s’intéresse aux possibilités d’inscription du genre en Afrique dans la multiversalité du monde contemporain. (Extrait de l’éditorial)